La rose épanouie, à nulle autre pareille,
Répand son doux parfum au chant du rossignol.
Son coeur est un nectar que courtise l'abeille
Mêlant l'or du pollen au brillant tournesol...

J'ai cueilli l'arc-en-ciel en larmes de rosée,
Au velours du gazon, dans le frileux matin ;
La moisson de ma gerbe, en l'aiguière posée,
Embaume mon logis des senteurs du jardin.

Sur l'autel j'ai placé le lis de la Madone,
Au chevet du malade une rose en bouton.
Avec les fleurs des champs je tresse une couronne :
C'est à vous, mon ami, que j'en ferai le don.

Certains cherchent au loin la fragrance nouvelle
De la belle exotique, au vent des alizés :
Pétales précieux que la brise échevelle
Et que le "nez" destine aux flacons irisés...

L'orchidée apprivoise une perle opaline
Et me tend son calice aux célestes couleurs,
Mais je préfère aller, quand le soleil décline,
Fouler dans ma prairie un grand tapis de fleurs.



Mona

 L’air chaud vibre et scintille ; au ciel immense et bleu,
Le soleil de midi par nappe d’or ruisselle ;
De l’océan au mont toute chose étincelle
Et frémit par moment à des souffles de feu.

Tout ce qui vit est en torpeur : oiseau verbeux,
Laboureur attardé sous la basse tonnelle,
Zébu de Vohémar gavé d’herbe nouvelle,
Battant de son fouet dur son dos rude et gibbeux.

Un silence splendide empli de senteur lourde
Étreint le delta gris ; et la campagne gourde
Rêve d’orage dans son assoupissement.

Soudain au faîte aigu de la plus haute tige
Une flamme écarlate apparaît et voltige :
Le Cardinal se pose avec un crissement.

Louis Ozoux ( La Réunion)