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A son riche sourire et son pied de satin
S’attache le regard d’une foule émouvante
Dont le souffle se noue au bord de l’épouvante
Qu’un tambour d’un seul coup change en rire enfantin.
Le funambule essuie un bras de strapontin
De son ombre gracile et pourtant si savante,
Décousant le soleil d’une étoile vivante
Qui file sous ses pas comme un fil de rotin.
Des anges suspendus au-dessus de sa tête
Lancent des confettis aux couleurs de tempête
Épuisant le ciel noir de ces perles d’éclair.
Et lorsqu’enfin s’échappe un dernier pas de danse
Sur le filin tendu sous le poids de la chair
Le rêve se dissout aux boucles d’une ganse.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Sur de clairs horizons rayés de vols d’oiseaux
Tu verras apparaître, au sein des mers créoles
Les Isles aux doux noms qui semblent des corolles
Mystérieusement écloses sur les eaux.
Tu verras ruisseler la lumière en cascades
Sur les mornes luisant au fond des matins bleus,
Et la limpidité de l’éther chaleureux
Pavoiser la splendeur des golfes et des rades.
Le chant de l’alizé dans les grêles palmiers
Bercera ta langueur aux longs soirs d’hivernage
Et par les bois mouillés, sous les figuiers sauvages,
Nous irons écouter la plainte des ramiers
Tu connaîtras la solitude et la paresse
Des midis flamboyants aux flans de pitons verts
Dans les bourgs somnolents où la brise de mer
Fait danser le foulard éclatant des négresses.
Et dans tes yeux emplis d’azur et de couleurs
S’inscrira la beauté des Isles lumineuses
Qui fera pour jamais dans ta mémoire heureuse
Trembler des visions de soleil et de fleurs
E.-F. LEOPOLD (1882/1962)
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Tombez, ô perles dénouées,
Pâles étoiles, dans la mer.
Un brouillard de roses nuées
Émerge de l'horizon clair ;
À l'Orient plein d'étincelles
Le vent joyeux bat de ses ailes
L'onde que brode un vif éclair.
Tombez, ô perles immortelles,
Pâles étoiles, dans la mer.
Plongez sous les écumes fraîches
De l'Océan mystérieux.
La lumière crible de flèches
Le faîte des monts radieux,
Mille et mille cris, par fusées,
Sortent des bois lourds de rosées ;
Une musique vole aux cieux.
Plongez, de larmes arrosées,
Dans l'Océan mystérieux.
Fuyez, astres mélancoliques,
Ô Paradis lointains encor !
L'aurore aux lèvres métalliques
Rit dans le ciel et prend l'essor ;
Elle se vêt de molles flammes,
Et sur l'émeraude des lames
Fait pétiller des gouttes d'or.
Fuyez, mondes où vont les âmes,
Ô Paradis lointains encor !Allez,étoiles, aux nuits douces,
Aux cieux muets de l'Ocident.
Sur les feuillages et sur les mousses
Le soleil darde un oeil ardent;
Les cerfs, par bonds, dans les vallées,
Se baignent aux sources troublées,
Le bruit des hommes va grondant.
Allez, ô blanches exilées,
Aux cieux muets de l'OccidentCharles-Marie LECONTE DE LISLE
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La nuit tombe sur la ville.
Les néons s'allument et brillent.
Dans la rue commence la ronde
Des lumières et des ombres.
La nuit tombe sur la colline;
La lande refléte une lune opaline.
Les arbres comme des fantômes,
Alignent des silhouettes difformes.
La nuit tombe sur nous sans bruit ...
Un brouillard cotonneux,
Enferme d'un silence peureux,
Toutes choses, dans l'immensité de la nuit.
Marielle
( Poème n°15 du recueil "Au coufeur de l'automne")
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Automne au ciel brumeux, aux horizons navrants.
Aux rapides couchants, aux aurores pâlies,
Je regarde couler, comme l'eau du torrent,
Tes jours faits de mélancolie.
Sur l'aile des regrets mes esprits emportés,
- Comme s'il se pouvait que notre âge renaisse ! -
Parcourent, en rêvant, les coteaux enchantés,
Où jadis sourit ma jeunesse !
Je sens, au clair soleil du souvenir vainqueur,
Refleurir en bouquet les roses déliées,
Et monter à mes yeux des larmes, qu'en mon cœur,
Mes vingt ans avaient oubliées !
Armand Silvestre
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