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    Ne te laisse pas mourir de  Pablo Neruda 

     

    Il meurt lentement
    Celui qui ne voyage pas,
    Celui qui ne lit pas,
    Celui qui n'écoute pas de musique,
    Celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.

    Il meurt lentement
    Celui qui détruit son amour-propre,
    Celui qui ne se laisse jamais aider.

    Il meurt lentement
    Celui qui devient esclave de l'habitude
    Refaisant tous les jours les mêmes chemins,
    Celui qui ne change jamais de repère,
    Ne se risque jamais à changer la couleur
    De ses vêtements
    Ou qui ne parle jamais à un inconnu

    Il meurt lentement
    Celui qui évite la passion
    Et son tourbillon d'émotions
    Celles qui redonnent la lumière dans les yeux
    Et réparent les coeurs blessés

    Il meurt lentement
    Celui qui ne change pas de cap
    Lorsqu'il est malheureux
    Au travail ou en amour,
    Celui qui ne prend pas de risques
    Pour réaliser ses rêves,
    Celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
    N'a fui les conseils sensés.

    Vis maintenant !
    Risque-toi aujourd'hui !
    Agis tout de suite !

    Ne te laisse pas mourir lentement !
    Ne te prive pas d'être heureux ! "

    Pablo Néruda

     

     

    ~~ Ne te laisse pas mourir ~~ de  Pablo Neruda

     

     

     


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       ~~ Dés de dentelle ~~ de F.E. Sicard

     

     

    A la gorge d’un gouffre où gargouille du miel

    Les rides du soleil fondent la nuit fugace

    Sur des barres de fer dont les ongles de glace

    Griffent les marais nus d’une perle de ciel.

                                                     

    La ruse d’un trésor trop artificiel

    Trompe le mendiant serrant dans sa besace

    Une lune de plomb qu’un diamant délace

    Comme un gant de satin se colorant de fiel.

     

    Des courtines de serge au vent du crépuscule

    S’ouvrent en chuchotant les mots d’un opuscule

    Ecrits au stylet d’or sur une peau de lait.

     

    Et comme par hasard le parfum d’un mensonge

    Emprisonne un enfant dans un étrange songe

    Dont la mémoire meurt dans un rêve parfait.

     

    Francis Etienne Sicard Lundquist

     

     

       ~~ Dés de dentelle ~~ de F.E. Sicard

     

     


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       ~~ La muse assoupie ~~ 

     

    Ma feuille est blanche, immaculée,

    La muse assoupie, d'inspiration dépouillée.
    Pourtant des images me font signe :
    Majestueux, sur les eaux, glisse le cygne.

    Ma main  s'égare un peu...trace quelques lignes.
    La muse s'éveille et les mots grisonnent
    Sur la page. Au bord du lac qui frissonne,
    Vient s'ébattre, noble et gracieux, le cygne.

    Ma main court à présent, sans ratures;
    Le vélin peu à peu perd de sa pâleur,
    La poésie est là offrant la beauté, la douceur:
    Le bel oiseau déploie sa royale parure..

    Dans un songe je le revoie encore plus beau,
    Surgissant derrière la brume, en un tableau,
    Il tourne un peu sa tête, fière et digne,
    Conscient sans doute, qu'une Muse lui fait signe.

                                                              Marielle


    ( N° 34 du recueil "Entre fleur et parfums...." )

     

       ~~ La muse assoupie ~~ de Marielle


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      ~~ Tous les cris de la rue ~~ de Florette Morand

     

     

    -« Corossol ! Rafraichi ! Sapotille et Coco ! »
    Le fer nu des appels vers le quai se faufile
    Bousculant le brouillard comme un cocorico
    Lancé par la marchande au réveil de la ville.

    Tous les cris de la rue embouchant leurs clairons
    Investissent déjà le port de Pointe-à-Pitre.
    Ils pourchassent la paix attardée aux balcons
    Taraudent les volets en rudoyant les vitres.

    On entend galoper la cavale des cris
    Vers les guichets du ciel où les heures défilent
    La darse, dans le vent, bat son édredon gris
    Et ne guérira pas de son rut mercantile.

    « Journal en moin ! » « Bonbons moussache ! » « Hé paté chaud ! »
    La rue est là qui moud sa nouvelle rengaine.
    Le soleil attisant le feu de son réchaud
    S’active et tous les toits se plaindront de migraine.

    L’usine et la TRANSAT bâillent les ouvriers.
    Les trottins minaudant vont faire la dînette
    Et l’on dirait, de loin, des vols de sucriers
    S’égaillant pour saisir quelque invisible miette.

    « Les pistaches ! » « Sorbet ! » « Sic à noix ! » « Bien grillé ! »
    Sombrent dans un sanglot tous les cris de la rue
    Quand s’ourle dans la nuit, maléfique et rouillé,
    Le chœur des matous sur la cité qui s’est tue.


    Florette MORAND (née 1937 Guadeloupe) 
    Chanson pour ma savane

     

      ~~ Tous les cris de la rue ~~ de Florette Morand


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  •     ~~ Un oiseau chante ~~ de G. Apollinaire.

     

     Un oiseau chante ne sais où
        C'est je crois ton âme qui veille
        Parmi tous les soldats d'un sou
        Et l'oiseau charme mon oreille

        Écoute il chante tendrement
        Je ne sais pas sur quelle branche
        Et partout il va me charmant
        Nuit et jour semaine et dimanche

        Mais que dire de cet oiseau
        Que dire des métamorphoses
        De l'âme en chant dans l'arbrisseau
        Du cœur en ciel du ciel en roses

        L'oiseau des soldats c'est l'amour
        Et mon amour c'est une fille
        La rose est moins parfaite et pour
        Moi seul l'oiseau bleu s'égosille

        Oiseau bleu comme le cœur bleu
        De mon amour au cœur céleste
        Ton chant si doux répète-le
        À la mitrailleuse funeste

        Qui chaque à l'horizon et puis
        Sont-ce les astres que l'on sème
        Ainsi vont les jours et les nuits
        Amour bleu comme est le cœur même

     

     Guillaume APOLLINAIRE

     

     

        ~~ Un oiseau chante ~~ de G. Apollinaire.

     

     
     
     

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