-
Comme un peintre envoûté par l’or de sa palette
Le marais poitevin retouche à son pinceau
Le miroir d’un instant qui se glisse dans l’eau
Entre un pli de soleil et le dos d’une ablette.
Une écluse accrochée au bout d’une épuisette
Danse entre les grands joncs et le pont d’un bateau
Où tremble le reflet d’un ravissant roseau,
Voyageant immobile au dos d’une rainette.
Des voûtes de silence au dessus des regards
Baignent de leur feuillage un boisseau de têtards
Qui roulent sur l’argent d’une plume de sable.
Et pour finir la toile un ciel poudré d’émail
Découpe les canaux aux verres d’un vitrail
Qu’un héron souffle au bout d’un bec insatiable.
Francis Etienne Sicard Lundquist
9 commentaires -
J’ai jeté la bouteille sur l’horloge
Brisé le sablier de mes alcools
Et mes éclats brisés sur le sable
de ces plages de temps figés
embrument de larmes
les grains de ma mémoire
L’œil toujours rivé
dans le goulot cassé
de mon coeur dépoliYann Le Roussic
9 commentaires -
Non nous ne chanterons plus les défuntes romances
que soupiraient jadis les doudous de miel
déployant leurs foulards sur nos plages de sucre
pour saluer l’envol des goélettes ailées.
Nous ne pincerons plus nos plaintives guitares
pour célébrer Ninon et la belle Amélie,
le cristal pur des rires, le piment des baisers ?
ni les reflets de lune sur l’or des peau brunes.
Nous ne redirons plus ces poèmes faciles
exaltant la beauté des îles fortunées,
odalisques couchées sur des tapis d’azur
que caresse l’haleine des suaves alizés.
Nous unirons nos voix en un bouquet de cris
à briser le tympan de nos frères endormis ;
et sur la proue ardente de nos îles,
les flammes de nos colères
rougeoieront dans la nuit en bouquet d’espérance.
Nous obligerons la fleur sanglante du flamboyant
à livrer aux cyclones son message de feu ;
et dans la paix bleutée des aubes caraïbes
nos volcans réveillés cracheront des mots de soufre.
Mais forts de la nudité riche
des peuples sans racines
nous marcherons sereins parmi les cataclysmes.
Guy TIROLIEN(13 août 1917 – 3 août 1988)
11 commentaires -
Si Venise la belle a d'immenses lagunes,
Des masques de velours, des poignards, des palais,Bretagne n'as-tu pas tes paysannes brunes
Et tes fils chevelus et tes champs de genêts ?Avez-vous parcouru son aride montagne,
Où les cheveux au vent on est si bien le soir ?Avez-vous respiré ses parfums, sa campagne
Et ses branches d'ajonc et ses champs de blé noir ?Avez-vous admiré son océan qui gronde ?
Ses falaises, ses bois, ses bruyère en fleurs,Ses longs genêts dorés dans la gorge profonde,
Quand l'humide matin les baigne de ses pleurs ?Oh ! qu'elle est belle ma Bretagne !
Sous son ciel gris, il faut la voir.
Elle est plus belle que l'Espagne
Qui ne s'éveille que le soir ;
Elle est plus belle que Venise,
Qui mire son front dans les eaux.
Ah ! qu'il est doux de sentir la brise,
Qui vient du large avec les flots...
La brise, qui vient du large avec les flots.(Chantée en "mon temps" par Tino Rossi )
9 commentaires -
Voici revenir le printemps,
Qui chasse les frimas moroses.
J’ouvre mon cœur à deux battants
Au roi soleil, père des roses.
Je guette l’horizon vermeil,
Et faites-y de longues pauses,
Mon beau soleil !
Déjà les oiseaux querelleurs
Sur les rameaux boivent les sèves.
Ecoutons les merles siffleurs !
Les forêts s’emplissent de rêves.
Je veux me mettre à l’unisson :
Entrez chez moi, jeune chanson;
Faites sonner les heures brèves,
Douce chanson !
Déjà fleurissent les lilas
En lourdes grappes violettes.
Les charmeuses à falbalas
Jettent au zéphyr leurs voilettes :
Prenez le chemin le plus court,
Entrez chez moi, seigneur amour,
Rois des femmes et des athlètes,
Ô bel amour !
Emile Goudeau
11 commentaires
Suivre le flux RSS des articles
Suivre le flux RSS des commentaires