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Agrandis, Agrandis jusqu’à la démesure
Ton long profil fantasque apparu sur la mer !
Elliptique et lointain qu’il fleure bon la terre
Sous le voile jaspé du soleil somnolent !
Que j’aperçoive encor le flamboyant qui farde
Ta bouche belle où perce un refrain de sirène
Malgré le désespoir de tant d’hommes de peine
Dont le lamento monte au rythme de ton cœur.
Le vent m’a raconté que les cannes à sucre
Au long de tes cheveux poussent leurs cris d’odeurs
Pour les noces du rhum et du miel de leurs tiges.
Mais je veux ignorer toutes ces confidences
Pour te trouver pareille à ton autre visage
Surgissant du profond de l’enfer des pensers.
Toi mon Eden perdu, toi ma terre promise,
Mon torrent de couleurs, mon tourment, mon chaos,
Drapeau déchiqueté claquant sur l’Atlantique
GUADELOUPE !
Florette MORAND
Chanson pour ma savane
A bord du Colombie, Janv.1957
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Elle n'est même pas au bout du monde
On n'y va pas chercher de l'or
Il n'y a pas de plages blondes
Ce n'est pas une île au trésor
Mon île de France
Elle n'est pas dans le Pacifique
Ni dans aucun autre océan
On peut y aller en péniche
Ou bien couper à travers champs
Mon île de France
Il n'y a pas de sortilège
Qui vous ensorcelle le cœur
L'hiver il tombe de la neige
Le printemps ramène les fleurs
Mon île de France
Lorsque le vent pousse ma voile
Sur les vagues des champs de blé
Je m'arrête pour une escale
A l'ombre de ses marronniers
Mon île de France
La sur un rivage de mousse
L'aventure au bout du sentier
M'offre une fille à la peau douce
Et un coin d'herbe pour aimer
Mon île de France
Adieu Tahiti, Fort-de-France
Adieu Doudou et Vahiné
Qu'elle est douce ma douce France
Depuis que je l'ai rencontrée
Mon île de France
Elle n'est même pas au bout du monde
On n'y va pas chercher de l'or
Il n'y a pas de plages blondes
Ce n'est pas une île au trésor
Mon île de FranceGeorges Moustaki
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Saupoudré de safran, le soleil de la baie
Croque sous l’horizon la mer comme un biscuit,
Et sème à coup de dé de la pulpe de fruit
Dont la saveur sablée ourle l’oliveraie.Les topazes du soir que dévore l’ivraie
Lancent leurs premiers feux sur l’ombre de la nuit
D’où s’envole un oiseau, sans visage et sans bruit,
Entre les murs du parc et de la palmeraie.Une odalisque nue attachée au sultan
Cueille dans le jardin des roses et des lys
Dont le musc enivrant charme un vieux chambellan.Sur un coussin de soie alors s’évanouit,
Au précieux souvenir d’un bel oaristys,
Le soupir d’un pacha que la paix éblouit.Francis Etienne Sicard Lundquist
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Oasis de paix, de douceur, de lumière,
Auréolé de mystère, de roses trémières.
De son soleil rieur sur le Verdon,
Qui demain versera ses larmes sur Talmont.
Chaque grotte abrite un conte de Pèlerins,
Sur le chemin de St Jacques de Compostelle,
Et ses profondes baies, havre des caravelles,
Avec leurs fiers corsaires y comptant leur butin.
Irradiante clarté de la côte Santone, (1)
Que chevauche fière et allègre la Garonne.
Sous son ciel captivant, insondable et mouvant,
Rêves et souvenirs m'y bercent un mois durant.
De Royan à St Georges, à Mortagne, à St Fort,
Y puiser le courage, y revenir encore,
Pour continuer seule les chemins de la vie,
Le printemps chaque année m'y mande, m'y convie.
Marielle. (Ecrit en mai 1992)
(1) Nom hérité de la Gaule Celtique.
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Sur la crête des astres, l’écaille d’un noble silence
Vibre, et le long des buissons de la nuit, s’échoue
Le chant du vent, fatigué d’imposer sa résonance.
Loin des portes du temps, une aube rose s’ébroue.
L’horizon se fissure et émerge un soleil provisoire,
Juste un reflet sur la mer pour étourdir la pensée.
Pourtant, les heures mises en jachère, au hasard
De nos songes, réclament la vie après l’obscurité.
Il suffit peut-être d’inventer l’oasis dans la paume
De l’esprit, déchirer la flanelle des regs solitaires,
Chasser l’écume des plaintes qui couvre le dôme
Des faux chagrins ancrés au jardin des prières.
Si nous allions secouer les épouvantails basanés
Par l’oubli crépusculaire, faire revivre les étoiles
Extraire le limon des lunes dans ce rêve inhabité
Pour enfin nourrir nos paroles et hisser les voiles.
A la source de l’étoile filante, j’ai puisé ce poème.
J’ai séché l’encre à la tiédeur de baisers charnels.
A force d’attendre, le sable a effacé les je t’aime.
Pourtant, dans le nid de mon cœur, ils t’appellent.
Si tu venais, toi aussi, te perdre dans l’éphémère
Je pourrais t’emmener sur une autre voie lactée.
Dans l’absurdité de ce que sera demain, la pierre
De nos âmes serait réchauffée avant d’être usée.SEDNA ( Aout 2011 )
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