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Je suis un petit chien
Mais j’ai déjà quinze ans.
Si je présente bien,
Mon âge, je le sens.
Mon cœur est fatigué,
J’ai des douleurs partout,
Ma vue a bien baissé,
Je n’entends plus du tout.
J’aimais bien la montagne
Quand j’étais casse cou.
Le vertige me gagne,
Je fatigue beaucoup.
Je vais plus doucement
Et je marche très peu.
Je dors bien plus longtemps,
J’ai caché tous mes jeux.
Quand une chienne passe,
Je redeviens fringant,
Je fais preuve d’audace,
Je me sens élégant.
Mais dès qu’elle est partie,
Je retrouve mon âge
Et mon dos s’arrondit :
Ce n’était qu’un mirage.
Mes maîtres m’aiment autant
Que quand j’étais petit.
Ils me disent souvent
Que j’ai changé leur vie.
La mienne aura été
Faite de grandes joies,
J’aurai été choyé,
J’aurai été un roi.
Quand il faudra partir,
Je ne gémirai pas.
Je voudrais m’endormir
Blotti entre leurs bras.
Madeleine Reynaud
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Un vitrail représentant l'Acenssion :Cathédrale de Bourges.
Soleil de mai
Tu dardes tes rayons
Qui montent vers le feu
Baignant ton Ascension.Agneau de perfection
Appelé vers le Père
Prends-nous dans ton sillon,
Ouvre-nous ton mystère !Descends sur nous la paix de ton regard,
Offre-nous un éclat de Ciel !
Montre-nous tes amis te fêtant dans ta Gloire,
Nourris-nous de lait et de miel !Porté par les nuées, tu te fais si présent
Que mon coeur s’inonde de ta joie,
Ton immortalité me délivre du temps
Et consume le bois de ta Croix.Qui connaîtra cette agape de l’âme
Exilant tout relent de blessure ?
Quel coeur exultera à ce chant qui t’acclame
Et t’offrira sa foi comme un fruit mûr ?Soleil de mai qui transcendes la Pâque
Comme la promesse enfin des temps nouveaux,
Tu t’élèves lumineux et d’un trait de ton arc
Tu transperces d’amour tes agneaux.Véronique Belen (Mai 2001 )
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Au bout d’un serpentin qui danse en équilibre
Sur un rayon de ciel rembourré de fraîcheur,
Un crayon de soleil au rire de tricheur
Trace au bord de la vague une ligne qui vibre.
La harpe d’un trouvère et le chant d’un félibre
Enchantent les étangs et guident le pécheur
Vers le jour qui se lève avec cette blancheur
Que la nacre recueille à la chair d’une fibre.
Des nuages d’oiseaux s’éloignant des marais
Bâtissent à leur bruit des bulles de sel frais
Qui nourrissent le vent d’une pointe d’audace.
Les premiers pas d’enfant pataugent dans la mer
Et les châteaux de sable aux tourelles de fer
Défendent alors l’été contre toute menace.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2012
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Maman ! C'est le premier cri du coeur,
Présage de joies et de bonheur,
Douce musique sur des lèvres roses,
Ébauche d'une vie à peine éclose.
Mais la route est rude et s'envole la gaîté,
Les coeurs souvent meurtris, blessés ...
Sur nos plaies nos malheurs pourtant
Quel baume plus tendre, plus doux : Maman !
Tout près de quitter cette terre,
Quel moribond n'invoque sa mère ?
Du fond de sa nuit en tremblant,
Un suprême appel, un seul ...maman ...maman !
Ton âme vogue dans l'espace maintenant,
Mais s'apaisent mes craintes, mes rancoeurs,
De tout là haut coule une onde de chaleur,
Quand sur le chemin tu prends ma main, Maman !
Dans le ciel glauque de mes vieux jours,
Souvent je t'appelle à mon secours ...
Pour que l'écho emporte mon cri "d'enfant "
Vers toi bien haut, ...Maman ....Maman !
Marielle( N° 27 du recueil "Au fil du temps ..." )
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Voici le jour habituel.
Au pied des arbres en bordure
Il semblerait qu'un peu de ciel
Ait fait un rond dans la verdure.
Sur lui s'allonge un brouillard gris
Aussi mobile qu'un nuage ;
Le vent le disperse en débris,
Le soleil achève l'ouvrage.
Ce morceau d'azur incertain
Où la lumière se reflète
Est un étang que le matin
Vient de surprendre à sa toilette.
Déjà les pélicans goitreux,
Les cormorans et les sarcelles,
A l'émoi d'un réveil heureux,
Poussent des cris, battent leurs ailes.
Sur les bords, réfléchis, debout,
L'ibis cendré, le flamant rose,
La cigogne et le marabout
S'observent du haut de leur pose.
Les nymphéas, les nénuphars
Boivent le jour à la surface,
Et sur les calices épars
La libellule se délasse.La poule sultane à dos bleu,
Au fond d'une coupe rosée
Où reluit un pistil en feu,
Pique des perles de rosée.
La rizière, où l'étang finit,
Se déroule en tapis de soie ;
A l'horizon elle s'unit
Avec le ciel lustré de joie.
L'aile éventant le riz frôlé
Dont la masse ondule et s'épanche,
L'aigrette au corps immaculé
Vogue, navigue, voile blanche.
Près du talus qui la cachait,
Prenant son vol, la bécassine
Revient par un brusque crochet
Au champ plus vert qui la fascine.
Et, parmi cet enchantement
Qui la caresse et l'enveloppe,
Libre, un étalon véhément
Hennit au soleil et galope.Jean Ricquebourg
La Réunion (1868/1914)
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