•    ~~ Soleil d'avril ~~ de  A. Lacaussade

     

     

     

    Les bois vont refleurir. Des gouttes de verdure
    Déjà tremblent au bout des rameaux dépouillés,
    Et les bourgeons bientôt, voilant l’écorce dure,
    S’ouvriront au soleil, de sève encor mouillés.

    D’un long sommeil la terre en souriant s’éveille ;
    Tout en elle est tiédeurs, rougeurs, troubles charmants.
    Les jours vont grandissant : de la saison vermeille
    On voit partout flotter de frais pressentiments.

    Les vents passent chargés de promesses secrètes ;
    L’oiseau ne chante point encor ; sur les buissons
    Point de fleurs; mais déjà rossignols et poètes
    Sentent monter en eux la sève des chansons.

    Des gais soleils d’avril voici l’heure première.
    Avril, c’est le printemps dans sa virginité.
    L’air est d’un bleu profond, suave est la lumière ;
    Un sang jeune sourit au front de la beauté.

    Bientôt les bois naissants, les mousses, les fougères
    Feront un dais mobile au cours chantant des eaux ;
    Et les vents berceront sur leurs ailes légères
    Dans les lilas en fleur l’hymne heureux des oiseaux.

     

    Bientôt se cueilleront les prémices des choses :

    L’alouette dans l’air dira les jeunes blés,

    Et le bouvreuil muet, caché parmi les roses,
    Couvera les œufs blonds sous sa plume assemblés.

    Qu’un autre, après l’hiver, chante sa délivrance !
    Qu’il dise, ô mois de Mai, ton retour souhaité !
    Pour moi, je chante Avril ! Avril, c’est l’espérance,
    Avant qu’on ait souffert, avant qu’on ait douté !

    Mois aimé, tu marquas dans ma verte jeunesse ;
    Du bonheur je te dois les rêves infinis.
    Qu’importe que la vie ait trahi leur promesse !
    Pour mes espoirs défunts, Avril, je te bénis.

     

    Auguste Lacaussade

     

      ~~ Soleil d'avril ~~ de  A. Lacaussade


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    Elle voudrait une gerbe de songes

    pour sa mémoire transie.

    Un logis pour mettre son souffle au chaud.

    Elle voudrait des poèmes de la pluie pour irriguer

    les plantes grasses de son destin.

    Des colliers de parfums en guise d’amour

    Elle voudrait une pierraille luisante

    pour apothéoser son apparence.

    Des poumons d’or pour mieux suivre

    toutes les cohortes des saisons.

    Voici l’oeil secret de la femme-monde

     

     Mahamoud M’Saidié

    (extrait de "Une gerbe de songes")

     

    ~~ Une gerbe de songes ~~ M.Saïdié

     


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     Fritzner Chéry

     

     

    La montagne s’est couverte de fleurs noires

    D’étranges oiseaux ont recueilli ta voix

    Et nous voilà demandant aux étoiles

    Où est passé le juste qui semait des poèmes
    Quand la terre portait les fruits de la douleur
    Et quand coulait le rêve dans les yeux des ruisseaux
    Le temps est un grand chant qui borde le chemin
    Il renaît aux lèvres du matin
    Avant de s’en aller bercer l’univers
    Et les cristaux des larmes
    Mais le vent
    Mais le souffle
    Mais cette voix de pays où bourgeonne l’été
    Ont gravé les choses graves
    Que fredonnent la vie comme un feu de bois
    Et nous voilà demandant aux étoiles
    Quand reviendra le juste qui chantait Aragon
    Et qui nous enseignait la tendresse des mots
    Ce langage équitable de l’homme inconsolé
    Ce petit peu d’amour sur la crête des sans voix
    Pourtant
    La montagne reprendra ses couleurs
    Désarmera la douleur et l’oubli
    L’ombre qui palpite de souffrir la mémoire
    Chantera
    Chantera
    Jean Ferrat
    Comme chantent les cailloux au fond des rivières
    Et ce sera ton vrai visage
    Ta voix à jamais voile des îles fraternelles

    Jean Ferrat.

    Ernest PEPIN pour Jean FERRAT

     

    ~~ Biguine antillaise ~~ de Ernest  Pépin.


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    J'ai retrouvé ton bâton de "cornouiller",
    J'ai caressé son bois dur et lustré,
    Lustré et façonné aux creux des tes mains.

    Aux creux de mon cahier dès demain,
    Je retrace en sens inverse le chemin,
    La plume légère je retourne vers le passé.

    J'y retrouverai mes amis, mon entrain,
    Et j'irai dans tes pas, en les joyeux matins,
    Le long des berges ou par les sentiers.

    Le bouts de mes doigts d'inspiration déliés,
    Aux creux de mon coeur, les souvenirs réveillés,
    Et l'amour de toi, guidant ma main
    Mes idées s'en iront noircir le parchemin.

    Marielle

     

      ~~ Dans tes pas  ~~ de Marielle


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    Résultat de recherche d'images pour "La Bohème en pleurs"

    Ô pleurs d'amour, fureur !

    D'eux-mêmes — jaillissant !

    Ô la Bohème en pleurs !
    En Espagne : le sang !
    Noir, ô mont qui étend
    Son ombre au monde entier !
    Au Créateur : grand temps
    De rendre mon billet
    Refus d'être. De suivre.
    Asile des non-gens :
    Je refuse d'y vivre
    Avec les loups régents
    Des rues — hurler : refuse.
    Quant aux requins des plaines —
    Non ! — Glisser : je refuse —
    Le long des dos en chaîne.
    Oreilles obstruées,
    Et mes yeux voient confus.
    À ton monde insensé
    Je ne dis que : refus.

    15 mars-11 mai 1939.
    (traduction Eve Malleret)

     

      ~~  Mars ~~ de Marina Tsvetaeva

     

     

     


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