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       ~~ Soleil de mai ~~ de A.Lacaussade.

     

     

    D’un souffle virginal le plus aimé des mois
    Emplit l'air ; le lilas aux troncs moussus des bois
    Suspend sa grappe parfumée ;
    Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ;
    Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil :
    Toi seule es triste, ô bien-aimée !

    « Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ?
    De quel secret ennui ton cœur est-il touché ?
    Qu'as-tu ma grande et pâle Amie,
    Qu'as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir !
    Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir
    Avec la terre épanouie.

    « Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour,
    Regarde ! l'hirondelle est déjà de retour.
    Ailes et feuilles sont décloses.
    C'est la saison des fleurs, c'est la saison des vers.
    C'est le temps où dans l'âme et dans les rameaux verts
    Fleurissent l'amour et les roses.

    « Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur !
    Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ;
    La joie est le soleil de l'âme !
    Oublions ce que l'homme et la vie ont d'amer !
    Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,
    Pour vous aimer, ma noble Dame !

    « Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns !
    Enivrons-nous de brise, et d'air et de parfums,
    Enivrons-nous de jeunes sèves !
    Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs !
    Assez tôt reviendront l'hiver et ses rigueurs
    Flétrir nos roses et nos rêves ! »

    Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés,
    Marchait la grande Amie aux regards veloutés ;
    Son front baigné de rêverie
    S’éclairait à sa voix d'un doux rayonnement ;
    Et, lumière de l’âme, un sourire charmant
    Flottait sur sa lèvre fleurie.

    Auguste Lacaussade

     

       ~~ Soleil de mai ~~ de A.Lacaussade.


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       ~~ La clé des songes ~~ de Marielle

     

    Ouvrir la porte sur les songes,
    Revoir ton sourire, revoir en songe,
    Tes yeux qui dans mes yeux plongent !

     

    Ouvrir la fenêtre sur nos printemps.
    Entendre ta voix dire : je t'attend;
    Descendre ensemble les marches du temps.

     

    Dans le jardin, main dans la main,
    Et nos regards ...des jours lointains,
    Dans un songe, sans lendemain.

     

    J'en garde seule maitenant la clé,
    Des songes des rêves, des mots aimés,
    Que je tourne, retourne, pour te retrouver.

     

    Marielle

     

       ~~ La clé des songes ~~ de Marielle


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       ~~ Sentier ~~ de A. Beauregard

     

     

    Le sentier que j'aime le mieux
    Quitte en sournois la route blanche
    Où passent trop de curieux,
    Et disparait entre les branches.

    Celui qui traça son parcours
    Fut, je crois bien, un solitaire
    Qui pour écrire ses amours,
    Choisit comme papier la terre.

    Sitôt à l'abri des regards
    Il devient un chemin tout rose
    Coupant la bruyère au hasard.
    - Première joie en l'âme éclose.

    Puis il saute un ruisseau : miroir
    Où l'on se rencontre avec Elle :
    Dans un sourire on laisse voir
    L'inclination mutuelle.

    Lestement il grimpe un coteau
    Dont les framboises et la menthe,
    Le petit thé, le pain d'oiseau
    Disent une époque attrayante.

    En faisant un détour brusqué
    Il montre un pic nu, détestable,
    Qui semble un bandit embusqué.
    - Cette querelle inévitable !

    Voici qu'au bord de la forêt
    Il marque à peine l'herbe rase,
    Se glisse presque droit, discret.
    - L'accord se rétablit. On jase.

    Des buissons transparents, soudain,
    Il émerge et court à la grève,
    D'un lac aux horizons lointains
    Où vogue, épanoui, le rêve.

     

    Alphonse de Beauregard

     

      ~~ Sentier ~~ de A. Beauregard

     

     

     

     


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      ~~ Epigramme vénitienne ~~  de H. de Regnier

     

     


    « Un vent triste et perfide, ô Venise, a soufflé
    Sur le fard pâli de ta joue,
    Et la Fortune a fait avec son pied ailé
    Plus d'une fois tourner sa roue.

    Toi qui voyais jadis, comme un essaim bruyant
    Sorti de tes ruches guerrières,
    Vers ta riche beauté revenir d'Orient
    Les fanaux d'or de tes galères!

    Un jour, ne t'es-tu pas, en robe de brocart,
    Éblouissant ceux qui t'ont vue,
    Assise en ton orgueil et leur offrant leur part,
    A ton festin, la face nue ?

    Puis, sous le masque noir dont le nocturne atour
    Parait ta grâce déguisée,
    N'as-tu pas invité le Plaisir et l'Amour
    A boire à ta coupe irisée?...

    Une barque de fruits croise sur le canal
    Une gondole lente et close;
    Un cyprès noir dans le jardin de l'Hôpital
    Dépasse le haut du mur rose;

    Un vieux palais sourit à l'angle d'un campo
    De sa façade défardée,
    Derrière un store jaune d'ocre, un piano
    Estropie un air d'“Haïdée” ;

    Sur la lagune une péotte de Chioggia
    Etend sa rouge voile oblique
    En attendant le vent subtil et doux qui va
    Se lever de l'Adriatique,

    Et, Maîtresse des mers, j'évoque un temps lointain,
    Venise, où, Reine des rivages,
    Tu coiffais d'une conque d'or le front marin
    De tes Doges aux durs visages ! »
     

    Henri de Régnier (1864/1936)

     

      ~~ Epigramme vénitienne ~~  de H. de Régnier

     

     

     

     

     


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      ~~ Port Vauban ~~ de MOA

     

    La mer peut se ruer sur le chemin de ronde
    tenter de recouvrir le bruit de ses pas,
    si Vauban s'en souvient
    c'est bien,

    Elle allait sur le port pour écouter gémir
    les voiliers enchaînés,
    quand le vent du grand large revenait nuitamment
    taquiner les haubans,
    Et moi dans mon délire
    je groumais son parfum,

    La pluie peut effacer les traces de ses pas
    et le vent peut chasser jusqu'au son de sa voix,
    si Vauban s'en souvient
    c'est bien,

    Elle allait sur le port pour regarder dormir
    les voiliers démâtés
    dans la houle amoureuse qui berçait doucement
    les quilles fatiguées,
    Et moi dans ma dérive
    je buvais son parfum,

    Et quand viendra l'horreur, quand la peur sera là,
    quand j'irai sur le port hurler mon désarroi,
    si Vauban s'en souvient
    c'est bien,

    Elle allait sur le port pour regarder partir,
    les voiliers excités
    et les voiles impudiques qui se nouaient autour
    des bâtons d'artimon,
    Et moi dans son sillage
    j'apprenais son parfum,

    Et quand viendra l'adieu, si ma raison s'effondre,
    et si la peur du vide me rapporte l'oubli
    si Vauban s'en souvient
    Tant Pis !
     

    Moa

    ( Français,né Martiniquais)

     

      ~~ Port Vauban ~~ de MOA


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