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Les rues en diamants et leur soyeux pavage,
Comme des serpentins lâchés des toits obscurs,
Glissent, de pas en pas, le long de mers de murs,
Tapissés du soleil de vitrine en voyage.Un bus à impériale et son rouge ramage
Croise une limousine aux fourreaux de noirs purs,
L’un éteignant le jour et ses rêves d’azurs,
L’autre incendiant la nuit d’une ivresse volage.La Tamise soudain se pare de colliers,
Et Big Ben se maquille à l’or de ses aiguilles,
Chuchotant des dîners, fards des joailliers.La magicienne alors entre de scène en scène
Soulevant les rideaux dont les tons de charmilles
Font frissonner la ville aux plaisirs des mécènes.Francis Etienne Sicard Lundquit
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Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis
Son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.Jacques Prévert
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Chers yeux si beaux qui cherchez un visage,
Vous si lointains, cachés par d'autres âges,
Apparaissant et puis disparaissant
Dans la brise et le soleil naissant,
Et d'un léger battement de paupières,
Sous le tonnerre et les célestes pierres
Ah! protégés de vos cils seulement
Chers yeux livrés aux tristes éléments.
Que voulez-vous de moi, de quelle sorte
Puis-je montrer, derrière mille portes,
Que je suis prêt à vous porter secours,
Moi, qui ne vous regarde qu'avec l'amourJules SUPERVIELLE
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Pouvoir gommer les souvenirs douloureux
Les mots maladroits, coléreux ...
Les heures de désespoir ...
Les mois, les années noires.
Pouvoir gommer, du passé les erreurs,
Celles qui creusent dans le coeur,
Des abîmes de souffrance,
Et consument l'existence.
Pouvoir gommer doucement,
Sans toucher à la ligne du bonheur,
Garder au fond de soi, seulement,
Un coin de ciel bleu et de la joie au coeur !
Marielle
( N° 5 de "Au rythme des coeurs et ..." )
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Dans l'arbre où tout l'hiver ont soufflé les vents froids,
Un merle est revenu chanter comme autrefois,
Pendant que le soleil d'avril naissant se couche.
Le ciel est doux aux yeux, l'air est pur à la bouche.
Un parfum de jeunesse est dans le soir épars,
Et l'on sent le printemps qui rôde quelque part...
Des hauts clochers lointains et des églises proches
S'envole en rythmes lents la sainte voix des cloches,
Et l'on entend les sons un par un s'endormir,
Puis, en un grand silence harmonieux frémir...
Sur la ville, un instant apaisée et muette,
A l'occident, pâlit une ombre violette.
Et l'oiseau qui sifflait dans le soleil couchant,
Au dernier feu du jour a terminé son chant.
Albert LozeauImage : » Printemps 5 .jpg «
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