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     ~~ Le tempsLe temps s'ajoute au temps... ~~ A.Gurly

     

     

     Le temps s'ajoute au temps et les jours aux semaines,

     La vie s'est écoulée, la belle vie d'antan

    Comme vole une feuille au souffle de l'autan
    Et les temps du passé jamais ne s'en reviennent.

     

    Le temps coule et s'en va comme l'eau des fontaines
    Le temps de nos beaux jours, le temps de nos printemps
    Se love, et puis s'enroule au cabestan du temps,
    Et la vie part et fuit et court à perdre haleine...

     

    Passent les jours heureux, passent les jours de peine,
    Passe le temps des pleurs et celui de la haine,
    Passent rose au jardin et fétus aux courants...

     

    Passe le temps d'hiver, passent les nuits d'automne
    Passent les souvenirs de ceux qui sont absents...

    Et passe la chaleur des vieux coeurs qui frissonnent...

     

    Alain Gurly - 2006

     

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  •    ~~ Esquisse ~~ A. Lacaussade.

     

     Dans un lieu plein de fleurs, inondé de lumière,
    A tes yeux apparut, et grande, et blanche, et fière,
    La dame au long profil. De ses plis opulents
    La pourpre du velours drapait ses nobles flancs.
    Sur sa taille élancée aux courbes onduleuses
    Les lustres balançaient leurs gerbes lumineuses.
    Parmi des fleurs, — l’abeille ainsi porte son dard, —
    Brillait à son côté la nacre d’un poignard.
    Un noir tissu coulant de sa tête étoilée,

     

     Belle comme la nuit dans sa splendeur voilée,
    Sur son col, sur ses bras, flottant à larges tours,
    De sa divine épaule ombrageait les contours.
    Dans ses cheveux de jais, boucles riches et fines,
    Quelques fleurs de grenade aux touffes purpurines
    S’ouvraient et, d’un teint mat relevant les pâleurs,
    Empourpraient son beau front de leurs chaudes couleurs.
    Ses longs yeux noirs — des yeux de Grecque ou d’Andalouse —
    Lançaient l’humide éclat de leur flamme jalouse.
    Un rire lumineux entre ses dents flottait ;
    Un mol et vague arôme autour d’elle montait ;
    Et, svelte comme un lys, et d’hommage enivrée,
    Heureuse d’être belle et de tous admirée,
    Elle allait et versait sur les groupes tremblants
    L’ineffable langueur de ses regards troublants.

    Et toi, seul, à l’écart, dans la nuit de ton âme
    Sentant vivre et passer ton rêve en cette femme,
    Pensif, tu recevais sur ton front attristé
    Les éblouissements que dardait sa beauté.

     

    Auguste Lacaussade

     

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      ~~ Rêve créole ~~  S. Saint-Maxin

     

     Je rêve d’un baiser aux saveurs tropicales,
    Aux parfums de rhum blanc, de sucres en morceaux
    Que croquent les enfants qui roulent des cerceaux
    Sur mon île lointaine aux rives amicales.

    Je rêve de ta voix qui verse du soleil
    Sur mon cœur attendri par la douceur créole,
    De ton rire aux éclats, de ta main qui cajole
    Mon visage ravi le matin au réveil.

    Je rêve de goûter à tes fruits exotiques,
    Aux marchés cardinaux, Saint-Pierre, Saint-Denis,
    Saint-Paul et Saint-Benoît, fouler les pans brunis
    Qu’enfantent ton volcan, tes cirques chaotiques.

    O mon île, ô ma foi, là, tout au fond de moi,
    Je rêve de ces yeux qui me caramélisent,
    Accueillant mon retour, qui me naturalisent
    Et réchauffent mon âme aux pleurs de mon émoi.

    A l’écoute de ton Piton de la Fournaise,
    Et du chant du tuit tuit, admirer tes lagons,
    Caméléons et margouillats, tous ces dragons.
    Vivre tes couleurs, toi, mère réunionnaise.

     

    Serge Saint-Maxin

     

     


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  •    ~~ Dérive ~~ E. Yves

         

     Je ne saurai jamais les mains qu'elle a serrées

    Pas plus que les regards ni même les épaules
    Où elle aura flotté comme vent dans les saules
    Jusqu'à en être douce aux courbes étirées.

    Je ne verrai jamais les rendez-vous galants,
    Les jours pour le glisser et les nuits pour le dire,
    Ces mots qu’auront laissés les traits de son sourire
    Sur la bouche de l'autre et ses contours brûlants.

    Elle enverra au loin ainsi qu’une falaise
    Les chants d’une herbe folle échappés d’un soupir,
    D’un battement de cœur à n’en jamais finir.

    Elle oubliera mes pas sur le front de la glaise,
    Ce verbe à la dérive animé par l’envie
    De joindre par la mer la Pangée de sa vie.

     

    Emmanuel YVES

     

     

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  •   ~~ Dernier Hommage ~~ de Marielle

     

     Sur le chemin du cimetière
    On accompagnait la "doyenne"
    Ce jour de mars, le dix-neuvième.
    Les langues allaient caquetant ...
    Pensez-donc, une presque centenaire
    "L'Emilienne" avait bien fait sont temps !

    Son temps, quel temps ? Ont-ils un "temps"
    Ceux qui nous ont bercé,
    Et que l'on a bercé,
    Même auraient-ils cent ans;
    Pour nous ils sont autant,
    Et le vide plus profond, plus grand !

    Et tournaient dans ma tête,
    Ses robes fleuries, ses mines coquettes,
    Son amour de la vie, dans son siège à roulettes ...
    Je la revoyais, fixer sur sa pèlerine
    Un bijou ...et fredonner en sourdine,
    Sans souci de sa voix un peu ...chevrotine !

    Dans le silence du cimetière,
    Après la dernière prière,
    Sous ce soleil quelle aurait aimé,
    De révolte au coeur et d'émotion mêlées,
    Entre la terre béante, sur la bière cirée,
    En un dernier hommage, un bouquet j'ai jeté !

               Marielle

     

    A mon amie Annie en souvenir de son aieule tant regrétée.   

     

     

     

     

     

     

                                              


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