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A Louis Tiercelin
Voici les cloches revenues !
Les Pâques ont sonné dans l'air,
Et le printemps rit sur la mer
Dans le sourire blond des nues.
Voici venir par les chemins
Les croyants, les porteurs de palmes;
Ils ont la foi dans leurs yeux calmes,
Et des rosaires dans les mains.
Des couronnes de primevères
Au front des Dieux morts vont fleurir;
On entend des sèves courir
Dans le granit des vieux calvaires.
Des pécheurs ont vu, sur les eaux,
Blanchir la robe du Doux Maître.
Les enfants qui viennent de naître
Ont bégayé dans leurs berceaux.
Et, sous le porche de l'église,
Les saints tressaillent, rajeunis
De sentir éclore des nids
Dans leurs manteaux en pierre grise.
C'est fini des tristes hivers.
Ces moissonneurs de choses mortes
N'iront plus de portes en portes
Geignant le cri des pilawers (terme breton)
Carillonnez Pâques fleuries !
Voici les Temps, les Temps nouveaux !
Déjà hennissent les chevaux
Dans la liberté des prairies.
Des souffles, de grands souffles fous,
Traversent la mer Atlantique,
Et la noble ivresse celtique
A gonflé les sacs binious !
Anatole Le Braz
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Un domino de soie et son masque d’argile
Hantent toutes mes nuits de leur peau de fantôme,
Et gravent dans mes yeux un verset palindrome,
Qu’un miroir d’argent pur lit comme un Evangile.
Ganté d’or, l’arlequin, joue à pincée agile,
Des mélodies d’amour sur un luth polychrome
Qui charment le destin d’un lutin et d’un gnome
Dont le visage nu sourit au soir fragile.
Le long des quais lapés par la brume du jour,
Il glisse à pas feutrés sur le marbre meurtri,
Puis se fond dans la nuit comme un fin troubadour.
Est-ce un ange du ciel qui s’abreuve de paix,
Aux riches abreuvoirs d’un palais assoupi,
Ou le diable affublé d’un corps de portefaix ?
Francis Etienne Sicard Lundquist
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Cheveux au vent
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Des arbres, des toits, des auvents,
Il pleut des milliers d'hirondelles.
Le soleil verse sur les champs,
De pleins paniers de fleurs nouvelles.
Cheveux au vent,
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Prenons nos trompettes gaiement
Et sonnons la mort de l'hiver.
La terre est comme un agneau blanc
Dans les bras nus de l'univers.
Cheveux au vent, Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Maurice Carême.
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Thésauriser le chants des mots
Et des langues et des souvenirs
Qui s'enchevêtrent dans des sens uniques
Écrire les pages de l'errance
Et des rêves de conquête
Au goût d'eau douce
Et de courant d'ailes
Écrire pour retenir
La paume d'une étoile
Et le poing des regards
Dans toutes les villes du monde
Écrire encore pour griffer
Toutes les terres arides
Au-dessus de mers mortes
Et des creux d'âme
Écrire enfin
Quand les étoiles tremblent
Aux confins des départs sauvages
Et des toits de lauzes
Écrire pour retenir le vent...
Angéle LUX
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