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Que de fois j’aurai fait ces belles promenades
Donnant à Metz un charme ignoré de Nancy
Lorsqu’à chaque saison mon tout premier souci
Était d’aller rêver le long de l’Esplanade.
J’admirais, appuyé contre la balustrade,
Surplombant les canaux de l’île du Saulcy
Des temples et des jardins le tableau réussi
Quand la lumière, au soir, plus fine, se dégrade.
Ai-je pris et repris l’escalier somptueux
Menant auprès du lac, aux sentiers sinueux
D’où j’aimais voir passer, puis repasser les cygnes.
Si ces lieux à jamais me sont demeurés chers,
C’est qu’ils m’ont su donner jadis la grâce insigne
D’y sentir la Beauté surgir en un éclair.
Jean KOBS ( Poète Lorrain, i912/1981)
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Cinq doigts à chaque main, cinq doigts, qu’en faisons nous ?
Cinq doigts pour agripper cette vie qui détale,
Pour retenir un peu le temps qui se déhale,
Pour tenter d’en garder quelque chose pour nous...
Cinq doigts bien resserrés, bien crispés, pauvres fous !
Dix doigts. Deux poings fermés par des haines fatales...
Et jamais paume ouverte ou bien main amicale,
Dix doigts bien refermés sur bâtons et cailloux...
Dix doigts entrelacés, c’est ta main dans la mienne
Quand nous partons flaner sur nos amours anciennes,
Quand nous partons tous deux sur nos chemins d’antan.
Dix doigts bien enlacés, serrés comme en prière,
Pour songer à des fleurs, au soleil, au printemps,
Pour caresser sans fin l’amour sur tes paupières.
Dix doigts bien enlacés, serrés rien que pour nous,
Sur nos rêves d’amour, de soleil, de printemps,
Dix doigts pour caresser le bonheur sur tes jouesAlain GURLY
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Marylise sourit à l’odeur des citrons
Et fredonne gaiement un vieil air de quadrille ;
Sa narine palpite et sa prunelle brille
Attentives au punch que nous dégusterons.
Tandis que ses bras nus, harmonieux et prompts,
Montrent sa peau de bronze et d’or de belle fille,
Marylise sourit à l’odeur des citrons
Et fredonne gaiement un vieil air de quadrille.
Doré, le rhum est tel que nous le préférons :
La glace en durs cristaux dans les verres scintille ;
Et la joie empourprant son teint de sapotille,
Les yeux pleins de lueurs, d’éclats et de rayons,
Marylise sourit à l’odeur des citrons.Gilbert de CHAMBERTRAND ( né à Point à Pitre)
D’azur et de sable
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Les robes du soleil voltigent dans le sable
Soufflant sur l’océan que le vent de l’hiver
Forge sur son brasier comme un morceau de fer
Trempé dans le satin d’une image de fable.
C’est au bord d’un nuage au cœur d’un grand retable
Qu’un magicien bleu déguisé par la mer
Recolle les morceaux du monde de l’enfer
Atour d’une toupie en cristal véritable.
Un rideau de saphir que des ganses de fruit
Retiennent contre l’or d’une mèche de nuit
Tapisse l’univers de son voile de brume.
Il est presque minuit et un chiffre nouveau
Remplace son voisin par un tour de chapeau
Comme si le destin se changeait de costume.
Francis Etienne SICARD
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Tel est le ballet lent de l’avant indolent
Allant vers nulle part, largement dodeline
Vers l’horizon lointain vers les mers sûrement
Allez ballets marins belle nuit marine
Les vaisseaux marchent gauche et droite au vent dansant
Les feux follets du flux swinguent seuls et patinent
Sur la Neva dorée elle seule devant
Filent longtemps défilent au long de l’eau maligne
Rêve Ô cité de l’eau bordée de palais grands !
Le soir sans lune d’or tes riches rives flottent
Au soleil qui s’endort au crépuscule amant
Dansez les ponts levants au rythme comme ils trottent
Vole valse la vie s’en volant en riant
Va Neva rêveuse où les paquebots barbotentNicolas Chevalier Bahuaut
(Neva la nuit à St Pétersbourg)
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