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A l’écheveau des jours, il attache la nuit,
En ourlant le matin d’un galon de lumière,
Puis coule lentement le long des cimetières
Vers un soir dont il éteint la flamme, à son huis.Aiguisé à ses griffes, son silence enfouit
Tous les secrets chassés, à grands coups d’étrivières,
De la bouche des rois aux lèvres des meunières,
Dont il ronge la peau aux margelles des puits.Son or sonne le glas et se fond au néant
Des gouffres d’univers où se gonfle le feu
Des étoiles à naître et de leurs parements,Et si son règne dure depuis l’éternité,
C’est qu’il nourrit sa chair de la soif de nos yeux,
Car le Temps est un ogre au visage de fée.Francis Etienne Sicard Lundquist.
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Pour quelles s’accrochent
Aux fils minces du temps,
Qu’elles connaissent les profondeurs
De la vie...
Qu’elles arrivent
Aux vues poétiques...
D’ailleurs
Les bruits,
Les amas de poussière
Les mettent mal à l’aise...
Et ce ne sont pas là
Leur seul doute...
Elles n’ont pas de quoi résister
Aux insectes agressifs.
Leurs vibrations cachent
Leur identité
Et leurs mouvements
Leur vertu.
L’intuition de leur amitié
Offre des indices...
C’est à leur place
Qu’elles ne sont belles et significatives…
Ce ne sont pas des jouets
Pour les passions.
Ne touchez pas les fleurs
Pour qu’elles grandissent...
Üzeyir Lokman ÇAYCI
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Mon esprit est amer et mon âme se meurt
Les charmes en cette vie au fil des ans périssent
Mornes sont mes rêveries et leurs divins plaisirs
Ces alliances nouvelles en moi me hérissent
Et affectent ma nature d'une grande douleur
Voici lors mon destin je n'ai plus de désirs
Mon coeur las est en peine et pleure
Cette folle langueur me donne mélancolie
Tout est noir et banal et l'avenir je crains
Mon village vivant et gai et jadis en folie
Est morose aujourd'huy sans écrin
Même ses vieilles demeures
Succombent en vagues ruines
Mon espoir se mue en une plainte mortelle
Je suis triste ce soir il bruine
En mon âme immortelle
Je suis né saturnienCépygéx
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Poète, entre les fleurs de l’âme il en est une
Qui croît aux vents aigus de l’adverse fortune.
Quand rêve, espoir, printemps, tout s’est évanoui,
Dans le jardin aride où l’âme se recueille,
C’est la suprême fleur, hélas ! que l’homme cueille,
Et cette fleur a nom la rose de l’oubli.
Pour nos cœurs dépouillés il est des roses noires.
Sur les restes fanés de nos douces histoires,
Sur notre rêve éteint dans l’ombre enseveli,
Sur nos vœux moissonnés par les heures fatales,
Un jour on voit grandir les fleurs aux noirs pétales,
Les roses sans parfum, les roses de l’oubli.
Espoir des jours premiers, ivresse printanière,
Lilas qui balanciez vos fronts dans la lumière,
Amour, lys virginal dans l’ombre épanoui,
Promesses qui des ans nous cachiez les ivraies,
O fleurs de notre avril, vous étiez donc moins vraies
Que ces roses, vos sœurs, les roses de l’oubli !
Il vient une heure froide aux angoisses mortelles ;
Nos amours les plus chers, ingrates hirondelles,
Désertent notre toit par l’hiver envahi.
D’irréparables fleurs gisent sur nos collines ;
Tout dort ; seule, une voix, la voix de nos ruines,
Nous dit : « Cueille, il le faut, les roses de l’oubli ! »Auguste Lacaussade ( La Reunion )
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Toutes les villes que nous avons connues aimées
Toutes les villes pour s'aimer et pour vivre à deux
Rappelle-toi Paris et ses jardins l'été
Toutes les villes qui nous ont fait pleurer de joie
Un vieux Tzigane nous prit en amitié à Prague
Toutes les villes que nous avons quittées depuis
Toutes les villes que la guerre défigure et viole
Ô notre espoir au milieu des arènes blessé
Et les amis que nous avons perdus de vue
Toutes les villes dont nous reparlerons souvent
Toutes les villes que nous ne reverrons jamais
Ou si lointaines qu'elles semblent défier nos rêves
Et quelle ville était-ce où nous voulions mourir….
Joseph Zobel (1915/2006)
Martiniquais
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