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La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Les cheveux défaits
Ils se regardaient
Dans l'odeur des pins
Du sable et du thym
Qui baignait la plage
Ils se regardaient
Tous deux sans parler
Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages
Et c'était comme si tout recommençait
La même innocence les faisait trembler
Devant le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amourDehors ils ont passé la nuit
L'un contre l'autre ils ont dormi
La mer longtemps les a bercés
Et quand ils se sont éveillés
C'était comme s'ils venaient au monde
Dans le premier matin du mondeLa mer sans arrêt
Roulait ses galets
Quand ils ont couru
Dans l'eau les pieds nus
À l'ombre des pins
Se sont pris la main
Et sans se défendre
Sont tombés dans l'eau
Comme deux oiseaux
Sous le chaud de leurs bouches tendres
Et c'était comme si tout recommençait
La vie, l'espérance et la liberté
Avec le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amourClaude Delecluse- Jean Ferrat
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Immensité des pins, rumeur brisée des vagues,
contre le crépuscule et ses vieilles hélices
crépuscule tombant sur tes yeux de poupée,
coquillage terrestre, en toi la terre chante!En toi chantent les fleuves et sur eux fuit mon âme
comme tu le désires et vers où tu le veux.
Trace-moi le chemin sur ton arc d'espérance
que je lâche en délire une volée de flèches.Je vois autour de moi ta ceinture de brume,
mes heures poursuivies traquées par ton silence,
c'est en toi, en tes bras de pierre transparente
que mes baisers se sont ancrés, au nid de mon désir humide.Ah! ta voix de mystère que teinte et plie l'amour
au soir retentissant et qui tombe en mourant!
Ainsi à l'heure sombre ai-je vu dans les champs
se plier les épis sous la bouche du vent.Pablo NERUDA (1904/1979)
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Il y a les mots qui ne sont pas dits,
et l'irréel qu'on imagine,
il y a ce que la vie écrit,
qui fait sourire ou qui chagrine,
il y a des êtres qui se mélangent,
et d'autres qui ne se trouvent jamais,
il y a des âmes qui dérangent,
et d'autres qui rêvent en secret,
il y a des regards qu'on poursuit,
et d'autres qu'on souhaite éviter,
il y a des amours qu'on choisit,
et d'autres qu'on voudrait amitié,
il y a le passé qui rappelle,
et d'autres temps à reconstruire,
il y a l'avenir qui donne des ailes,
quand le présent n'est pas soupir,
il y a le silence qui rassure,
et d'autres bruits qui nous effrayent,
il y a la douceur de l'écriture,
et d'autres cris qui ne viennent jamais,
il y a des gens venant vers moi,
et puis la solitude autour,
un mélange de chaud et de froid,
un peu comme l'absence et l'amour.Alexandra Julien
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Dans une barque en or le soleil se consume
Comme un bout de trésor que le sable a percé
D’une griffe émoulue au sourire gercé
De visages sans peau que la douleur inhume.On grave dans le marbre à la pointe de plume
Les lettres d’un mystère où par un chant bercé
L’esclave s’assoupit d’un sommeil renforcé
Par la peur de nourrir des fantômes de brume.Quelques ibis royaux trempent leur bec de bois
Dans un vase assailli par l’écho d’un hautbois
Dont le désert vieilli déchire la complainte.Mais au fronton du temple on peut lire ce vers :
Quiconque tremblera sans un désir pervers
Perdra le droit sacré d’anéantir sa crainte.Francis Etienne Sicard Lundquist ©2015
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Un souffle humide et chaud, venant de la Nubie,
Passe, chargé de feu, sur les flots alourdis...
Desséchant et stérile, il va vers l'Arabie
Peupler de bruits confus les déserts engloutis !Sur la poupe, épuisé de la chaleur subie,
Enfant dégénéré des ancêtres hardis,
Pour tromper l'âpreté de la route suivie,
Je rêve à la fraîcheur de lointains paradis !Et cependant, là-bas, sur les côtes prochaines,
Ignorant d'autres cieux, des familles humaines
Ont pour leur sol ingrat l'amour toujours nouveau.Les rochers dénudés, l'herbe courte et flétrie,
Le vent brûlant des soirs, pour eux c'est la Patrie,
Le ciel incendié, pour eux c'est le Drapeau !Élie Welcome Ozoux (1865/1926)
( Mer Rouge)
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