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Feu que les hommes regardent dans la nuit,
dans la nuit profonde,
Feu qui brûles et ne chauffes pas,qui brilles et ne brûles pas,
Feu qui voles sans corps, sans cœur,qui ne connais case ni foyer,
Feu transparent des palmes,un homme sans peur t'invoque.
Feu des sorciers, ton père est où ?Ta mère est où ? Qui t'a nourri ?
Tu es ton père, tu es ta mère,tu passes et ne laisses traces.
Le bois sec ne t'engendre,tu n'as pas les cendres pour filles,
tu meurs et ne meurs pas.
L'âme errante se transforme en toi,et nul ne le sait.
Feu des sorciers,Esprit des eaux inférieures,
Esprit des airs supérieurs,
Fulgore qui brilles, luciole qui illumines le marais,
Oiseau sans aile, chose sans corps,
Esprit de la Force du Feu,
Écoute ma voix : un homme sans peur t'invoque.
LEOPOLD SEDAR SENGHOR
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Quand le verbe se fera décousu
Qu’il faudra s’approcher pour m’entendre,Quand traverser le chemin se fera la main tenue
Mon esprit errant dans je ne sais quels méandres,Quand les souvenirs ne seront plus ...que ceux de mon enfance,
Et qu’il me faudra faire l’effort pour me souvenir de ton baiser du matin,Quand je serai vieux, un peu maladroit et le cœur pendu à ta confiance,
Quand j’aurai quelques rides au fond des yeux, ...et la main tremblante,Quand je chercherai en vain dans la glace ton chevalier d’antan,
Quand le plus long voyage ne sera plus qu’au bout du jardin,Quand on me rangera dans une maison bienheureuse,
Que mon corps se pliera sur la canne trébuchante,Quand le pas sera lent, et la pensée nébuleuse,
Sans tristesse, parce que coupée du présent,Que tu me demanderas de faire un effort,
Et moi, vide de sens te regardant,Alors !
Alors ce matin là,
Est-ce que tu m’aimeras encore ………... !!Le SLOVENE.
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Une hirondelle bâille au bord d’un toit fragile
Et d’une aile de soie elle touche le ciel
Qui roule son regard dans un bonbon au miel
En versant du soleil sur ses plumes d’argile.
Des larmes de rosée ourlent son vol agile
D’un trait de crayon noir qui trace un arc-en-ciel
Par-dessus un clocher au cou de gratte-ciel
Dont les dents en ardoise annoncent l’évangile.
De la pointe du doigt au bout de l’horizon
Elle enflamme l’air pur de son frêle tison
Comme une fée en noir jouant de sa baguette.
Et quand s’évanouit le charme de son art
Elle quitte la rue en longeant un rempart
Qui lui sert de tremplin pour une pirouette.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Je n'avais confiance qu'en mon stylo ...
Etais-je sans doute une femme un peu rétro ?Pourtant, je me suis décidée.
Et là, tout à coup, très pressée ...
Mais "lui" il avait tout son temps,
Je pietinais parfois devant.Et puis avec ma monitrice,
Il faisait tout bien, comme par malice.
Mais dès qu'elle avait disparue,
J'avais droit aux pires bévues.Il m'en a fait des coups tordus :
Des lignes toutes noires, des pages toutes nues
Et la souris ... en filigrane,
Jouait pour Lui la courtisane.Qand il ne veut pas travailler,
C'est l'insolence dans ses messages :
"Impossible, violation de partage"
Comment ! Je ne veux rien violer, mais partager !Moralité, c'est un sectaire,
J'en rage, à me donner de l'urticaire.
Il se fout de la couleur du ciel,
Mais il n'aime pas mes logiciels.Sans avertir les neutralise,
Sur sa mauvaise fois je me brise.
Fi du scanner, de l'imprimante,
Il dit " vous avez dix objets en attente" ...OH , Je le hais, mais c'est ma drogue, ma coco ...
Et devant son inventeur, je tire mon chapeau !Marielle ( Ecrit été 2006)
Et c'est ainsiqu'à quatre-vingt-quatre ans,
je me suis mise à l'informatique,
et sur le "Net" en 2009
pour mon plus grand plaisir, me retrouver avec vous, chers amis.
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Ile pleine d'oiseaux, de branches, de corolles
Dans l'océan noir de Paris,
Luxembourg où le soir, au sortir des écoles,
Nous menions nos rêves fleuris.Quand sous tes marronniers s'étendent les ombrages
Et les profondeurs d'un sous-bois,
Que les reines de France au bord de tes feuillages
Semblent sourire à l'Autrefois,Des garçonnets jolis comme des oiseaux frêles
Sur ton bassin lancent le soir
Des bateaux ingénus où frissonnent les ailes
Merveilleuses d'un jeune espoir.Quand l'automne sanglant traîne ses fauves moires
Sur les roses de tes bosquets.
De beaux ramiers rêveurs dans tes ramures noires
Imitent de sombres bouquets.Puis, au mois où du songe éternel des statues
La neige épouse la blancheur.
Ton allée où les voix des feuilles se sont tues
Se fait plus douce au promeneurDont le cœur tourmenté par l'angoisse des villes
Éprouve en ton grave décor
Le solennel regret des campagnes tranquilles
Où flotte l'odeur du bois mort... .Luxembourg ! tu fus cher à mes beaux jours d'Europe:
J'ai médité de tendres vers
Au bord de ta fontaine où l'œil du noir Cyclope
Voit les platanes à l'envers.Sous la chanson d'un arbre aux branches vigoureuses
Qu'aux printemps derniers tu berçais.
J'ai retrouvé l'odeur des provinces heureuses
Qui parfument le ciel français.Et parfois, le cœur plein d'une indicible peine
Dans l'or de tes soleils de Mai,
J'ai cru, parmi tes fleurs, respirer une haleine
De mon île au souffle embaumé !
Daniel Thaly.(1879-1950), Nostalgies françaises. (1913).
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