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Si vous saviez , passants, attirés
Par d'autres regars charmants
Que le mien, que de feu j'ai brulé
Que de vie j'ai vécu pour rien
Que d'ardeur, que de fougue donnée
Pour une ombre soudaine ou un bruit...
Et mon coeur,vainement enflammé,
Dépeuplé,retombant en cendres.
Ô les trains s'envolant dans la nuit
Qui emportent nos rêves de gare...
Sauriez-vous tout celà, même alors,
Je le sais, vous ne pourriez savoir
Pourquoi ma parole est si brusque
Dans l'éternelle fumée de cigarettes
Et combien de tritesse noire
Gronde sous mes cheveux clairs.
mai 1913
Marina TSVETAEVA (Poète Russe - 1892/1941 )
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Hautes sierras aux gorges nues,
Lacs d'émeraude, lacs glacés,
Isards sur les crêtes dressés,
Aigles qui planez par les nues ;
Sapins sombres aux larges troncs,
Fondrières de l'Entécade
Où chante la fraîche cascade
Derrière les rhododendrons ;
Et vous, talus plantés d'yeuses,
Irai-je encor par les sentiers
Mêlant les rouges églantiers
A la pâleur des scabieuses ?
Dans les massifs emplis de geais
Mènerai-je encore à la brune
La jeune belle à la peau brune,
Au pied mignon, à l'oeil de jais.
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Tes attentes sont gravées dans mes yeux…
Les formes fondent dans mes rêves
Le visage qu’on voit dans tes photos
N’est pas celui de tes sentiments Istanbul…
Vivre séparé n’a pas d’impact sur tes mers
Les attentes sont tendues dans tes paysages
Les pensées ne restent pas sur place
Istanbul se pose comme du plomb sur mes solitudes…
Les poissons blancs vivent bien vivant dans ton passé
Les mouettes flânent dans tes souvenirs
Les amitiés moulues veillent jusqu’aux matins
L’Anatolie se lève de tes horizons Istanbul…
Uzéyir Lokman ÇAYCI
Ankara, le 12.01.1980
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Depuis combien de temps sont-elle là ?
Pour une chapelle, une villa,
Sous le marteau, sous le burin,
Dans les tempêtes, sous les embruns.Elles ont connu tous les chagrins
Les révoltes, les colères des humains,
Les cris de détresse, de démence.
Écoutez-les pleurez dans le silence ?Celles de vos maisons abandonnées,
Celles des églises, des calvaires,
Vieilles masures tristes et délabrées,
Écoutez-les conter l'Histoire de la TerreMarielle
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J'ai vu bien des pays, la mer et la montagne,
J'ai vu maints monuments, abbayes et châteaux,
Cathédrales, donjons et manoirs tous plus beaux,
Et j'ai trouvé la Sarthe en quittant ma Bretagne,
Ma campagne natale où je ne sus durer.
J'ai choisi d'autres cieux, une neuve patrie;
Sarthe sur mon chemin m'accueillit pour la vie
Et j'y vécus poète, heureux et sans regret;
Doux pays onduleux, de pins et sables roux,
De prairies et de champs, de ruisseaux à l'eau lente,
De logis merveilleux, vieilles pierres qui chantent,
Sous le soleil de France et dans mon cœur surtout.
Tant de noms prestigieux chantés par les poètes,
Le Lude et Montmirail, Verdelles et Courtanvaux,
Et l'austère Solesmes, l'abbaye de 1'Epau,
Comment les citer tous en cette ronde en fête !
L'antique Mans culmine avec sa cathédrale,
Une dentelle fine à la pierre lointaine,
Tout autant qu'à Paris, la Dame Souveraine,
Le Mans dans sa muraille, œuvre monumentale.
Sur l'inégal pavé, arrête-toi, passant,
Au long de la ruelle où le ciel se fait mince.
Vois les humbles logis ou demeures de princes :
Alors tu sentiras battre l'âme du Mans.
Fiers Celtes et Romains, tous sont passés céans;
Rôdent les souvenirs, ici de ceux d'Albion,
Là de Jeanne Lorraine et de Napoléon;
De guerriers, de poètes et même d'Artagnan!
Sarthe, pays du nord, tu n'as pas la chaleur
De ces lointains pays aux côtes si brûlantes,
Mais tu as bien mieux qu'eux: des monuments qui chantent,
Et mon cœur t'a choisie pour un humble bonheur !
La Province du Maine"
Jean SAURÉ
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